5
cœur de nos publics. En Afrique, nous
avons créé des rédactions panafricaines
en langues africaines (RFI en fulfulde et en
mandenkan à Dakar, en haoussa à Lagos,
en kiswahili à Nairobi). Dans les Amériques,
France 24 en espagnol s’est installée à
Bogota et rassemble des journalistes
issus de toute l’Amérique Latine. En Asie, à
Phnom Penh, nous avons également une
rédaction. À Bucarest, RFI Romania est
notre plus ancienne f iliale et émet désor-
mais aussi en ukrainien. Dans le monde
arabe, nous avons inauguré, début 2025,
une nouvelle implantation à Beyrouth, avec
une jeune rédaction numérique pana-
rabe, qui contribue à renforcer les offres
de France 24 en arabe et de MCD. Notre
priorité, c’est aussi de poursuivre notre
transformation numérique, pour continuer
à nous adresser au plus grand nombre et
en particulier aux jeunes. Nous venons de
lancer ZOA, un média panafricain franco-
phone, 100 % numérique, « par des jeunes
Africains, pour les jeunes Africains », dont
la rédaction est basée au sein de notre
« hub » à Dakar.
Face à la montée alarmante
des manipulations
de l’information, comment vos
médias agissent-ils pour lutter
contre la désinformation ?
M-C.S : Le 1
er
rempart à la désinforma-
tion, c’est l’information. Une information
libre, indépendante, équilibrée, qui tire
son expertise du terrain. Une informa-
tion professionnelle digne de ce nom
tout simplement. Mais face à la montée
alarmante des infox, nos médias s’at-
tachent aussi à démystif ier, ou en anglais
à « débunker », les fausses informations
dans toutes leurs langues et à mettre en
lumière les stratégies de désinformation,
à l’échelle mondiale. Nous nous appuyons
pour cela sur des équipes référentes :
les Observateurs à France 24, la cellule
« InfoVérif » à RFI ; et nous nous sommes
dotés d’une procédure d’urgence. La déci-
sion de l’administration américaine de
démanteler ses médias publics internatio-
naux risque d’accroître encore ce « chaos
informationnel » dans lequel nous vivons,
alimenté par les infox et la propagande.
C’est, en effet, un appel d’air radical pour
des médias internationaux ne partageant
pas les codes déontologiques de la pro-
fession, qui prof iteront de ce désenga-
gement pour conforter leur entreprise de
désinformation à l’international. L’Europe
doit agir. Nous nous sommes rapprochés
de notre homologue allemand – Deutsche
Welle – pour mettre en place un plan
d’action coordonné qui pourrait être sou-
tenu par l’Europe, pour empêcher que
le bouclier démocratique voulu par les
instances européennes ne se f issure. Et
c’est dans cet esprit que notre rédaction à
Bucarest, épaulée par des journalistes de
la Deutsche Welle, et par notre rédaction
russophone à Paris, s’est mobilisée avec
succès contre les manipulations sans pré-
cédents visant la Moldavie à la veille des
dernières élections législatives dans ce
pays.
« Dans un monde marqué par la déf iance et la radicalité des opinions,
nous sommes des médias de résistance et de résilience démocratique. »
ÉDITO